Delrue Ronny
07/05/2022 > 14/06/2022
Delrue Ronny
Au commencement est le dessin. Tout dans l’œuvre de Ronny Delrue (1957, Heestert) débute par une esquisse dessinée. Pour l’artiste, plus qu’une pratique, dessiner est une façon de penser, de se connecter au monde. Il reste que tout ne finit pas pour autant sur une feuille de papier. Raison pour laquelle il faut envisager cette étape comme un laboratoire. De cette forge imagière, travaillée par l’inconscient, naissent des représentations qui, de façon tout aussi non maitrisée, se verront transposer sur des toiles grand format. Personne ne sait vraiment pourquoi, même pas l’intéressé lui-même, mais comment pourrait-il en être autrement quand on connaît le mantra du plasticien gantois : « Le paysage est portrait et le portrait paysage », profession de foi témoignant d’une liberté absolue par rapport aux formats consacrés par l’histoire de l’art. Entre ces deux pôles, une gestuelle affranchie et nécessaire. C’est donc à la façon d’un écho nécessaire que la galerie Cerami expose aujourd’hui les tableaux de Delrue, prolongeant en cela un récent accrochage bruxellois organisé par Marie-Laure Fleisch. M.V
Dessiner des sculptures de pierres : à propos du travail récent de Ronny Delrue
Les dessins de Ronny Delrue portent invariablement l’indication manuscrite de la date et de l’heure à laquelle ils ont été réalisés. La mention est toujours apposée à côté de sa signature et fait partie intégrante de la composition de l’image. Mais au-delà de cela, les informations ainsi données font que chaque dessin ressemble à la page d’un journal, ouvrant ainsi la pratique d’atelier de Delrue à la chronologie du monde, au présent historique. Son œuvre s’inscrit par conséquent dans un contexte dialogique en tant qu’entité réceptive, en négociation constante avec la réalité sociale, comme l’illustre, entre autres, Correspondances, son exposition de 2019 au SMAK de Gand, qui présentait ses échanges écrits et visuels avec cinq collègues artistes des quatre coins du monde.
Sa récente série de dessins intitulée Sculptures of Stones peut être située dans ce contexte. Elle fait en effet écho aux protestations, en Europe et aux États-Unis, réclamant le déboulonnage des monuments publics célébrant l’époque coloniale et appelant à une politique non discriminatoire mettant l’accent sur les droits des femmes et sur leur représentation.
Les dessins de la série Sculptures of Stones représentent des statues féminines qui sont tantôt faites de briques, tantôt couvertes de motifs ressemblant à de la maçonnerie. Ces dessins constituent une riposte critique aux statues masculines héroïques d’anciens dirigeants disséminées un peu partout dans nos villes. En outre, les formes élargissent aussi notre connaissance préalable de la représentation et de l’identité des personnages dans l’espace public. Les figures féminines de Delrue se distinguent par le fait qu’elles sont à la fois idéalisées et dés-idéalisées, à la fois complètes et brisées.
En combinant motifs abstraits et représentation figurative, Delrue crée une image conflictuelle, dans laquelle toute apparition est à la fois affirmation et négation d’un élément précédent, non vu ou seulement vu en partie. L’apparition de la figure interrompt le dessin des briques, le traverse et le remplace, tandis que le motif lui-même suggère une base structurelle brisée, ou plutôt l’image d’une base structurelle toujours en construction. À cet égard, les dessins révèlent un manque de résolution, une lutte entre ce qui est (ou devrait être) retenu et ce qui est (ou devrait être) oublié, effacé. Les figures dans les œuvres ne jettent pas rétroactivement un regard sur l’histoire. Leur signification, ce à quoi elles ressemblent, est au contraire un état d’incomplétude. Certaines figures portent une couronne, mais cet ornement et le pouvoir qu’il représente ne sont pas taillés pour elles. D’autres figures sont à la fois masculines et féminines. Dans plusieurs œuvres, la fonction des briques n’est plus d’être un élément structurel, mais une manifestation de sang et de fureur. L’agencement des couches dans chacun des dessins évoque une image contradictoire du monde, où rien n'est stable, et tout constamment remis en question.
L’énergie iconoclaste qui se déchaîne dans le travail récent de Delrue reflète l’époque agitée dans laquelle nous vivons. Elle situe son art en tant que symptôme des changements tectoniques en cours, où de nouvelles idoles apparaissent pour remplacer celles qui sont renversées. L’art de Delrue ne rend pas seulement compte de ces changements, mais il y contribue aussi.
Sculptures of Stones montre également que le dessin est une forme d’expression spontanée. Il offre une alternative aux moyens de communication instantanée omniprésents qui gouvernent le monde aujourd’hui, à savoir les outils numériques et les réseaux sociaux. Les dessins de Delrue sont à la fois action et représentation. Contrairement aux appareils électroniques qui déterminent et dans une certaine mesure limitent la production artistique contemporaine, le dessin rachète l’option d’une action et réflexion directe, sans intermédiaire, dans et sur le monde. Il repositionne l’artiste en tant que sujet libre, souverain, qui touche le monde et est prêt à prendre part à l’histoire et à l’influencer.
Ory Dessau
Sculpturen van stenen tekenen: over Ronny Delrues recente werk
Op de tekeningen van Ronny Delrue staat steeds een handgeschreven notitie van de datum en het tijdstip waarop ze zijn gemaakt. Deze aantekening bevindt zich telkens naast zijn signatuur en maakt deel uit van de picturale compositie. Maar meer nog dan dat, maken deze data van iedere tekening een soort dagboekpagina, waardoor Delrues kunstpraktijk zich als een praesens historicum ontrolt binnen de chronologie van de wereld . Ze plaatsen het oeuvre als een open en ontvankelijk geheel in een dialogische context: het verhoudt zich voortdurend tot de sociale realiteit. Deze dialectiek werd ook duidelijk in Correspondances, Delrues tentoonstelling in S.M.A.K., Gent, in 2019, waarin zijn geschreven en beeldende uitwisselingen met vijf medekunstenaars uit verschillende delen van de wereld getoond werden.
Delrues recente tekeningenreeks, getiteld Sculptures of Stones, kan ook in dit licht worden gezien. Ze adresseert de protesten in Europa en de Verenigde Staten, die oproepen om koloniale monumenten uit de publieke ruimte te verwijderen en die pleiten voor een niet-discriminerende politiek, met een focus op vrouwenrechten en -vertegenwoordiging.
De Sculptures of Stones-tekeningen tonen vrouwelijke standbeelden die zijn opgetrokken uit baksteen of die alleszins bedekt zijn met een soort baksteenpatronen. Ze zijn een kritische reactie tegen de heroïsche mannelijk standbeelden van vroegere leiders, die overal verspreid staan in onze steden. Ook verruimen hun vormen onze bestaande kennis over het afbeelden van figuren in de publieke ruimte en hun identiteit. Delrues vrouwenfiguren zijn bijzonder omdat ze tegelijk geïdealiseerd en gedeïdealiseerd zijn, tegelijk intact en gebroken.
Door abstracte patronen te combineren met figuratieve representaties creëert Delrue een conflictueus beeld, waarin alles wat aan het oog verschijnt zowel een bevestiging als een ontkenning is van een eerder element, dat helemaal niet of slechts gedeeltelijk werd gezien. Het verschijnen van een figuur onderbreekt het baksteenpatroon, doorbreekt en overschrijft het, terwijl het patroon zelf een gebroken structureel fundament impliceert, of liever, een beeld van een fundament dat nog in aanbouw is. In dat opzicht bieden de tekeningen geen oplossing, maar evoceren ze een blijvende strijd tussen wat herinnerd wordt (of zou moeten worden) en wat vergeten en uitgewist is (of zou moeten zijn). De figuren in de werken kijken niet retroactief naar de geschiedenis. Waar ze daarentegen wel betekenis aan geven en waar ze wel op gelijken, is een staat van onvolledigheid. Sommige figuren dragen een kroon, maar deze opsmuk wringt met de macht die hij symboliseert. Andere figuren zijn tegelijk mannelijk en vrouwelijk. In een aantal werken functioneren de bakstenen niet langer als structurerende elementen, maar zijn ze een uiting van bloed en woede. De gelaagdheid van elke tekening schetst een contradictorisch beeld van de wereld, een beeld waarin niets vast staat en alles voortdurend in vraag wordt gesteld.
De iconoclastische energie die vrijkomt uit Delrues recente werk weerspiegelt de turbulente tijden waarin we leven. Ze maakt zijn kunst tot een symptoom van aardverschuivingen, waarbij nieuwe idolen worden geboren, die andere, die van hun sokkel werden gehaald, moeten vervangen. Delrues werk brengt niet enkel verslag uit van deze veranderingen, maar draagt er zelf ook aan bij.
Sculptures of Stones toont bovendien dat een tekening een vorm van spontane expressie kan zijn. Het biedt een tegenwicht aan de alomtegenwoordigheid van de instantcommunicatiemiddelen die onze wereld vandaag regeren, met name digitale tools en sociale media. Delrues tekeningen zijn tegelijk actie en representatie. In tegenstelling tot elektronische toestellen die de hedendaagse kunstproductie bepalen en tot op zekere hoogte ook beperken, draagt een tekening het potentieel in zich van een niet-gemedieerde, directe actie en reflectie in en op de wereld. Ze herpositioneert de kunstenaar als een vrij en soeverein subject, dat de wereld raakt, klaar is om deel te nemen aan de geschiedenis en om haar te beïnvloeden.
Ory Dessau
Dessiner des sculptures de pierres : à propos du travail récent de Ronny Delrue
Les dessins de Ronny Delrue portent invariablement l’indication manuscrite de la date et de l’heure à laquelle ils ont été réalisés. La mention est toujours apposée à côté de sa signature et fait partie intégrante de la composition de l’image. Mais au-delà de cela, les informations ainsi données font que chaque dessin ressemble à la page d’un journal, ouvrant ainsi la pratique d’atelier de Delrue à la chronologie du monde, au présent historique. Son œuvre s’inscrit par conséquent dans un contexte dialogique en tant qu’entité réceptive, en négociation constante avec la réalité sociale, comme l’illustre, entre autres, Correspondances, son exposition de 2019 au SMAK de Gand, qui présentait ses échanges écrits et visuels avec cinq collègues artistes des quatre coins du monde.
Sa récente série de dessins intitulée Sculptures of Stones peut être située dans ce contexte. Elle fait en effet écho aux protestations, en Europe et aux États-Unis, réclamant le déboulonnage des monuments publics célébrant l’époque coloniale et appelant à une politique non discriminatoire mettant l’accent sur les droits des femmes et sur leur représentation.
Les dessins de la série Sculptures of Stones représentent des statues féminines qui sont tantôt faites de briques, tantôt couvertes de motifs ressemblant à de la maçonnerie. Ces dessins constituent une riposte critique aux statues masculines héroïques d’anciens dirigeants disséminées un peu partout dans nos villes. En outre, les formes élargissent aussi notre connaissance préalable de la représentation et de l’identité des personnages dans l’espace public. Les figures féminines de Delrue se distinguent par le fait qu’elles sont à la fois idéalisées et dés-idéalisées, à la fois complètes et brisées.
En combinant motifs abstraits et représentation figurative, Delrue crée une image conflictuelle, dans laquelle toute apparition est à la fois affirmation et négation d’un élément précédent, non vu ou seulement vu en partie. L’apparition de la figure interrompt le dessin des briques, le traverse et le remplace, tandis que le motif lui-même suggère une base structurelle brisée, ou plutôt l’image d’une base structurelle toujours en construction. À cet égard, les dessins révèlent un manque de résolution, une lutte entre ce qui est (ou devrait être) retenu et ce qui est (ou devrait être) oublié, effacé. Les figures dans les œuvres ne jettent pas rétroactivement un regard sur l’histoire. Leur signification, ce à quoi elles ressemblent, est au contraire un état d’incomplétude. Certaines figures portent une couronne, mais cet ornement et le pouvoir qu’il représente ne sont pas taillés pour elles. D’autres figures sont à la fois masculines et féminines. Dans plusieurs œuvres, la fonction des briques n’est plus d’être un élément structurel, mais une manifestation de sang et de fureur. L’agencement des couches dans chacun des dessins évoque une image contradictoire du monde, où rien n'est stable, et tout constamment remis en question.
L’énergie iconoclaste qui se déchaîne dans le travail récent de Delrue reflète l’époque agitée dans laquelle nous vivons. Elle situe son art en tant que symptôme des changements tectoniques en cours, où de nouvelles idoles apparaissent pour remplacer celles qui sont renversées. L’art de Delrue ne rend pas seulement compte de ces changements, mais il y contribue aussi.
Sculptures of Stones montre également que le dessin est une forme d’expression spontanée. Il offre une alternative aux moyens de communication instantanée omniprésents qui gouvernent le monde aujourd’hui, à savoir les outils numériques et les réseaux sociaux. Les dessins de Delrue sont à la fois action et représentation. Contrairement aux appareils électroniques qui déterminent et dans une certaine mesure limitent la production artistique contemporaine, le dessin rachète l’option d’une action et réflexion directe, sans intermédiaire, dans et sur le monde. Il repositionne l’artiste en tant que sujet libre, souverain, qui touche le monde et est prêt à prendre part à l’histoire et à l’influencer.
Ory Dessau
Sculpturen van stenen tekenen: over Ronny Delrues recente werk
Op de tekeningen van Ronny Delrue staat steeds een handgeschreven notitie van de datum en het tijdstip waarop ze zijn gemaakt. Deze aantekening bevindt zich telkens naast zijn signatuur en maakt deel uit van de picturale compositie. Maar meer nog dan dat, maken deze data van iedere tekening een soort dagboekpagina, waardoor Delrues kunstpraktijk zich als een praesens historicum ontrolt binnen de chronologie van de wereld . Ze plaatsen het oeuvre als een open en ontvankelijk geheel in een dialogische context: het verhoudt zich voortdurend tot de sociale realiteit. Deze dialectiek werd ook duidelijk in Correspondances, Delrues tentoonstelling in S.M.A.K., Gent, in 2019, waarin zijn geschreven en beeldende uitwisselingen met vijf medekunstenaars uit verschillende delen van de wereld getoond werden.
Delrues recente tekeningenreeks, getiteld Sculptures of Stones, kan ook in dit licht worden gezien. Ze adresseert de protesten in Europa en de Verenigde Staten, die oproepen om koloniale monumenten uit de publieke ruimte te verwijderen en die pleiten voor een niet-discriminerende politiek, met een focus op vrouwenrechten en -vertegenwoordiging.
De Sculptures of Stones-tekeningen tonen vrouwelijke standbeelden die zijn opgetrokken uit baksteen of die alleszins bedekt zijn met een soort baksteenpatronen. Ze zijn een kritische reactie tegen de heroïsche mannelijk standbeelden van vroegere leiders, die overal verspreid staan in onze steden. Ook verruimen hun vormen onze bestaande kennis over het afbeelden van figuren in de publieke ruimte en hun identiteit. Delrues vrouwenfiguren zijn bijzonder omdat ze tegelijk geïdealiseerd en gedeïdealiseerd zijn, tegelijk intact en gebroken.
Door abstracte patronen te combineren met figuratieve representaties creëert Delrue een conflictueus beeld, waarin alles wat aan het oog verschijnt zowel een bevestiging als een ontkenning is van een eerder element, dat helemaal niet of slechts gedeeltelijk werd gezien. Het verschijnen van een figuur onderbreekt het baksteenpatroon, doorbreekt en overschrijft het, terwijl het patroon zelf een gebroken structureel fundament impliceert, of liever, een beeld van een fundament dat nog in aanbouw is. In dat opzicht bieden de tekeningen geen oplossing, maar evoceren ze een blijvende strijd tussen wat herinnerd wordt (of zou moeten worden) en wat vergeten en uitgewist is (of zou moeten zijn). De figuren in de werken kijken niet retroactief naar de geschiedenis. Waar ze daarentegen wel betekenis aan geven en waar ze wel op gelijken, is een staat van onvolledigheid. Sommige figuren dragen een kroon, maar deze opsmuk wringt met de macht die hij symboliseert. Andere figuren zijn tegelijk mannelijk en vrouwelijk. In een aantal werken functioneren de bakstenen niet langer als structurerende elementen, maar zijn ze een uiting van bloed en woede. De gelaagdheid van elke tekening schetst een contradictorisch beeld van de wereld, een beeld waarin niets vast staat en alles voortdurend in vraag wordt gesteld.
De iconoclastische energie die vrijkomt uit Delrues recente werk weerspiegelt de turbulente tijden waarin we leven. Ze maakt zijn kunst tot een symptoom van aardverschuivingen, waarbij nieuwe idolen worden geboren, die andere, die van hun sokkel werden gehaald, moeten vervangen. Delrues werk brengt niet enkel verslag uit van deze veranderingen, maar draagt er zelf ook aan bij.
Sculptures of Stones toont bovendien dat een tekening een vorm van spontane expressie kan zijn. Het biedt een tegenwicht aan de alomtegenwoordigheid van de instantcommunicatiemiddelen die onze wereld vandaag regeren, met name digitale tools en sociale media. Delrues tekeningen zijn tegelijk actie en representatie. In tegenstelling tot elektronische toestellen die de hedendaagse kunstproductie bepalen en tot op zekere hoogte ook beperken, draagt een tekening het potentieel in zich van een niet-gemedieerde, directe actie en reflectie in en op de wereld. Ze herpositioneert de kunstenaar als een vrij en soeverein subject, dat de wereld raakt, klaar is om deel te nemen aan de geschiedenis en om haar te beïnvloeden.
Ory Dessau