As Bestas

Coll Tomeu
24/10/2023 > 02/12/2023

Coll Tomeu


Tomeu Coll
Exposition As Bestas – Galerie Jacques Cerami octobre 2023

Bien sûr, l’homme fut animal; et pourtant
il ne l’est plus.

[Bimbenet. É., L’animal que je ne suis plus].
Bête (pl. bêtes)

1 . Un animal, en particulier un vertébré terrestre de grande taille ou dangereux.
2. Un animal domestique, notamment un bovin de ferme familiale.

Les yeux d'un animal, lorsqu'ils observe un être humain, ont une expression attentive et prudente. Ce même animal peut regarder une autre espèce de la même façon, mais il réserve à l'homme un regard particulier, il le scrute à travers un abime étroit d'incompréhension.
L'absence d'un langage commun, son silence, provoque de la distance, de l'indifférence... C'est uniquement dans la mort que convergent les deux lignes parallèles et, peut-être, qu'après la mort, elles se croisent pour devenir enfin parallèles ; à partir de ce moment, naît la croyance étendue de la transmigration des âmes.
J'ai toujours photographié des animaux, pris de curiosité pour la relation que nous entretenons avec eux, dû aux différents liens sociaux qui nous interpellent, mais j'ai aussi voulu les observer sans prendre en compte ces liens d'appartenance, ni de supériorité qui nous relient, à tel point que, durant mon travail de sélection des photographies, qui forme une partie intégrante de mon travail de cette rétrospective sur mes rencontres avec ces animaux, j'ai découvert que dans une certaine mesure, j'avais réalisé les mêmes photographies sur des humains, avec les mêmes angles, les mêmes regards, la même profondeur et aussi les mêmes encadrements.
Les animaux sont entrés pour la première fois dans l'imagination humaine en tant que messagers et prophètes. Par exemple, la domestication du bétail avait des fonctions magiques, tantôt oraculaires, tantôt sacrificielles. Et le choix d'une espèce désignée comme magique, domestique et comestible venait de sa représentation originelle de ses habitudes, de sa proximité et de "l'invitation" de l'animal en question.
Depuis le XIXe siècle, une grande partie de la société occidentale a opté pour un modèle qui mènerait à la rupture de toutes ces traditions qui avaient été instaurées comme intermédiaires entre l'homme et la nature, et qui ne constitueraient plus ces deux-là comme le premier cercle vital.
Pourtant, il existe encore certaines communautés dans lesquelles les animaux sont toujours mis au centre de leur culture, comme on peut le voir en Sardaigne, dans les villages de la Barbagia, où il existe toujours un culte à l'animalité, dans des rites carnavalesque lorsqu'ils célèbrent les récoltes et les relations entre la nature et le sauvage. Les hommes des différentes communautés se transforment alors en moutons, chèvres ou bœufs, représentant ainsi la symbiose entre les deux espèces.
La photographie, tout comme la poésie, pourrait être une réponse naturelle au fait de vouloir créer un lien, une relation avec notre environnement, ainsi que comprendre cette distance ou du moins, en faire un territoire commun et habitable, et même si les animaux le comprendront rarement, elle nous servira au moins pour nous, les hommes, à nous rappeler nos racines.
Un après-midi, j'ai vu Roco, un pitbull blanc, contemplant le feu. Je me demandais alors quel lien ancestral il entretenait en ce moment-même. Son regard ne me paraissait pas si différent de celui d'Eva lorsqu'elle regardait le soleil couchant depuis les champs de blé. Les deux se laissaient effectivement emportés par l'aura des flammes... ou combien le regard d'un cheval ressemble à celui d'un homme aveugle au milieu de l'île de Venise, même s'ils ne voient pas la même chose, ou encore aux "plaisirs" ancestraux du sang, si lié à l'animalité...
J'ai évité à tout prix de photographier les animaux dans les lieux destinés à leur observation, essayant ainsi de comprendre leur environnement avec le nôtre, sans être privé d'une liberté totale, en partie aussi pour éviter de rencontrer la prison que les zoos représentent pour les animaux bien qu'ils ont été créés pour les contempler, les regarder; ils se sont pourtant transformés en monuments empêchant de telles rencontres.
Et c'est grâce à ces rencontres avec l'animalité, avec le sauvage, que j'ai pu me rendre compte que certains humains avaient cette animalité primaire en eux, ce point lacrymal,ce coup de poing dans le ventre... Comme Morgan, assis sur un mur et se connectant avec on ne sait quelle partie de luimême, ou encore Aurora, cette agricultrice de 98 ans qui a vécu toute sa vie uniquement entourée de ses chèvres et ses chiens, dans sa ville de Galice, vociférant en vieux galicien : " Je veux mourir et je ne meurs pas... les sorcières, les sorcières.".
Et parfois je m'interroge sur la définition de "bête" et à quel point le langage sépare l'animal de l'être humain.
en fin de compte, peut-être qu'appeler un monstre une
"bête" vient de l'époque où les humains étaient des animaux...
Texte Tomeu Coll


As Bestas
The Beasts
Photographs of Tomeu Coll
Bien sûr, l’homme fut animal; et pourtant
il ne l’est plus.
[Bimbenet. É., L’animal que je ne suis plus].

beast (plural beasts)
1. An animal, especially a large or dangerous land vertebrate.
2. A domestic animal, especially a bovine farm animal.

Los ojos de un animal cuando observan al humano tienen una expresión atenta y cautelosa. El mismo animal puede mirar a
otra especie del mismo modo, pero no resereva para el hombre una mirada especial, lo escruta a través de un estrecho
abismo de incompresnsión.
La falta de un lenguaje común, su silencio, garantiza la distancia, la diferencia…solo en la muerte convergen las dos líneas
paralelas, y , tal vez, después de la muerte se cruzan para volver a hacerse paralelas: de ahí la extendida creencia en la
transmigración de las almas.
Siempre he fotografiado animales, arrastrado por la curiosidad con la que nos relacionamos con ellos desde los diferentes
vínculos sociales que nos interpelan, pero también los he intentado observar sin aquellas ataduras de pertenencia ni de
superioridad, tanto es así que mientras trabajaba en la selección de las fotografías que forman parte de esta retrospectiva de
mis encuentros con la animalidad, descubrí que en cierta medida, había hecho las mismas fotografías a humanos, con las
mismas posiciones, las mismas miradas, la misma profundidad e incluso con los mismos encuadres.
Los animales entraron por primera vez en la imaginación humana como mensajeros y promesas. La domesticación del ganado
por ejemplo, tenía funciones mágicas, oraculares unas veces, sacrificatorias otras. Y la elección de una determinada especie
como mágica, domesticable y comestible vino originiariamente determinada por los hábitos, la proximidadd y la “invitación”
del animal en cuestión.
Desde el s.XIX gran parte de la sociedad occidental, optó por un modelo que llevaria a la ruptura con todas aquellas
tradiciones que habían mediado entre el hombre y la naturaleza, en la que ya no constituirían el primer círculo vital.
Aún así todavía quedan algunas comunidades en las que los animales siguen todavía en el centro, tanto es así como que en la
isla de Cerdeña por ejemplo, en los pueblos de la Barbagia, todavía rinden culto a la animalidad en forma de carnavales, en
los que se celebran las cosechas y las relaciones con la naturaleza y lo salvaje. Transformándose los hombres de las
diferentes comunidades, en ovejas, cabras o bueyes, representando la simbiosis entre las dos especies.
La fotografía, como la poesía, podría ser una respuesta natural al acto de intentar encontrar algún contacto o alguna relación
con el entorno, incluso de entenderlo o hacer de esa distancia un territorio habitable y compartido, y aunque ellos raramente
lo entenderán, al menos a nosotros nos puede recordar nuestras raíces.
Una tarde vi a Roco, un pitbull blanco contemplando el fuego, pensé en qué clase de vínculo ancestral tendría en ese
momento, y no me pareció tan distinto a la mirada Eva contemplando el sol del atardecier desde un campo de trigo, los dos
se dejaban llevar por el aura de las llamas… o cuan parecidas son la miradas de un caballo con un señor ciego en mitad de la
isla de Venecia, aunque no vean lo mismo, o en los “placeres” ancestrales de la sangre, tan unida a la animalidad…
He evitado a toda costa fotografiar animales en aquellos lugares creados para su observación, tratando así de entender su
entorno con el nuestro sin estar privado de total libertad, en parte para evitar encontrarme con la prisión que los zoológicos
significan para los animales, donde a pesar de haber sido creados para contemplarlos, para verlos, se han convertido sin
embargo en monumentos a la imposibilidad de tales encuentros.
Y ha sido gracias a esos encuentros con lo animal, con lo salvaje, que algunos humanos me han recordado esa animalidad
primaria, ese punctum, esa puñetazo en el estómago…como Morgan sentado en una pared conectando con quién sabe qué
parte de si mismo o Aurora, una granjera de 98 años que ha vivido toda una vida solo acompañada por sus cabras y perros,
en su pueblo de Galicia, vociferando en un gallego ancestral - “Querro morrer e non morro. As Bruxas, as bruxas…” (Quiero
morir y no muero…las brujas, las brujas).
Y a veces me pregunto por la definición de bestia y en como el lenguaje separa al animal del ser humano.
…al fin y al cabo quizás eso de llamar “bestia” a un monstruo proviene de cuando los humanos éramos animales…
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