Mail-art dans les Limbes

15/06/2025 > 20/07/2025

Mail-art dans les Limbes TEXTE FRANCAIS et ANGLAIS
Clôturé le 15 mai dernier, l’appel Mail-art dans les Limbes lancé par Thierry Tillier en novembre 2024, donne à voir, au sein de la galerie Jacques Cerami et dans une logique non commerciale, le résultat d’une collecte internationale d’une belle densité. Basé sur le principe intrinsèque du Free technique and size. No jury. No return. No theme, cet appel ouvre le champ des possibles, laissant à chacun, visiteurs compris, toute latitude pour donner du sens.
À la marge, donc, et sans retour.

Officiellement né à la charnière des années 1950-1960, dans le cadre de la New York Correspondence School of Art de Ray Johnson (1927-1995), dans le sillage du phénomène Fluxus et de ses nombreuses remises en question artistiques ainsi que du Nouveau Réalisme français, le mail-art - qui voit ses « préceptes » notamment enracinés dans les démarches avant-gardistes du début du 20e siècle européen – utilise spécifiquement le courrier postal en ses composantes et services, à la fois comme support de création et comme moyen de diffusion. Alors alternatif et activiste, positionné d’emblée « à côté » des canaux traditionnels de monstration et de vente d’œuvres d’art, cette tendance (cette « rivière » comme devait la nommer Ray Johnson) est un espace-temps parallèle de liberté totale. Transgressif, critique, parfois aux confins de la légalité, il est le lieu de toutes les approches et postures possibles.

Aujourd’hui, même s’il a depuis longtemps pénétré les Institutions où il a été organisé en collections, fait l’objet d‘inventaires et d’archivages d’envergure, d’expositions et de publications catalographiques raisonnées, le mail-art continue de s’épanouir, au fil de rencontres hasardeuses, d’échanges spontanés entre artistes ou appels sur les plateformes dédiées. En cela, fort heureusement, cet art de la correspondance semble parvenir à préserver, « en dehors » des réseaux officiels, sa nature spontanément libertaire et contestataire, son champ d’application échappant par ailleurs ainsi aux éventuelles tentatives de circonscription. La présente exposition sera donc perçue comme l’occasion, encore rare, de découvrir l’univers « marginal » du mail-art, et ce en dehors de toute acception mercantile, ce qui est passablement exceptionnel au sein d’une galerie que pour être souligné.

Thierry Tillier (Charleroi, 1957) qui, depuis la Belgique au début des années 1970, s’illustre dans cette mouvance internationale, en est toujours aujourd’hui l’une des figures marquantes.
Collagiste-cartographe épris de liberté, foncièrement engagé, féru d’ésotérisme, d’occultisme, il saisit à bras le corps les images qui nous entourent, nous submergent, vouées à une perte de sens programmée. Ses collages – innombrables propositions énigmatiques, mêlant poésie visuelle (au sens propre des termes) et critique sociale dans une esthétique volontiers érotique – sont tout autant interfaces entre lui et le monde, actes de résistance, que reflets kaléidoscopiques de notre société. Connecté, rivé au monde, si Thierry Tillier est l’héritier – statut qu’il ne revendique pas – d'une tradition du collage vieille de plus d'un siècle, il est surtout et avant tout un artiste soucieux d’être utile aujourd’hui.

Dès lors, il choisit, trie, coupe, déchire, taille dans le vif, recouvre, découvre et déploie son univers de papier à la barbe d’un monde complexe qui l’inspire. Les images dont il se joue se divisent, se multiplient, et les niveaux de lecture se superposent, encore et encore, entraînant le spectateur d’abord séduit, puis fasciné, troublé, vers toujours plus de sens et de remises en question. Ainsi, ancré dans une société dont il perçoit les écueils, Tillier, avec ses collages, nous ouvre tout à la fois les portes de son « enfer intérieur » (dont il cherche d’évidence à se libérer) et la voie vers un questionnement toujours salutaire.

Dans ce contexte, la dynamique collective du réseau, de la communication, de l’échange et du partage, caractéristique du mail-art et la liberté d’expression qui le sous-tend, échappant à tout contrôle ou jugement, semble le nourrir. Ainsi, cet appel Mail-art dans les Limbes serait-il une autre façon, pour lui, de prendre le pouls du monde, mais aussi d’agir et de le faire savoir ?

Quant à la référence aux Limbes, une fois encore elle est absconde, comme les aime Thierry, en lien direct avec un univers qui lui est propre et qu’il ne nous revient pas de spoiler ici (même si l’envie nous en prenait) puisque lui-même la dit « cachée ». Découvre donc qui pourra ou voudra. Non pas qu’il s’agisse là d’une énigme à résoudre mais sans doute d’un niveau de lecture supplémentaire à prendre en compte, fût-ce dans son incompréhension.

Quant au résultat de l’appel lancé depuis Vis, petite ville croate où réside désormais l’artiste carolorégien, si une fois encore il nous conforte dans l’assertion qu’il n’y a de mail-art que polymorphe et libre, il nous en dit long, au même titre, sur son caractère égalitaire, profondément démocratique et non-élitiste.


Plus encore, à l’heure du virtuel à tout va – et il existe en effet des appels à participation artistique par message électronique et « digital art » – et de la fracture numérique, cet art postal en sa version analogique, en son mode de fonctionnement historique donc, se trouve paradoxalement densifié/amplifié du fait même de sa matérialité tout autant diversifiée que désuète, « délicieuse célébration de l’encre, du papier et des timbres-poste », que celle-ci soit le fait d’un « ponte » de la discipline (et cette « moisson » en compte quelques-uns) ou non.

Et que nous dit-elle justement cette matérialité, affranchie, tamponnée, estampillée, consolidée par son déplacement, physique, d’un point A à un point B, par son dépôt par un facteur, une factrice, dans une boîte aux lettres, par sa réception impatiente et enfin par son décachetage nécessairement délicat ?

Que nous disent-elles ces œuvres surgies de leur propre déplacement dans l’espace et le temps ? Que nous-disent-elles, ces incarnations hybrides, ces concentrations de signifiants sur quelques centimètres carrés, de leurs auteurs, de leur destinataire, de l’état d’esprit et de la philosophie qui les animent –artistes généreux et collaboratifs – du réseau dans lequel elles existent et qui les légitime, de nous qui les observons, de l’art lui-même, du monde, de ses dérives et, faut-il le dire, de l’état de la résistance implicitement conscientisée et critique du mail-art à leur encontre ?

À moins d’être fin connaisseur de la démarche de l’un ou l’autre de ces plus de 200 (!) participants, ces envois, ces œuvres « en circulation » resteront, pour beaucoup, le plus souvent, nimbés de mystère ; c’est la règle d’une articulation entre correspondants réputée secrète. Et fort heureusement, puisque ces enveloppes, tampons et timbres, cartes postales, photographies, dessins, peintures, collages, objets... et textes sont de fait des messages personnels adressés à Thierry que ce dernier conservera dans ses archives. Pour l’heure, il nous les laisse généreusement appréhender en leurs multiples détails singuliers dans un rapport, il est vrai, littéralement et inévitablement physique, presque corporel. Les réponses de Thierry, elles, nous resteront, pour le moment, par définition, inconnues.

Mais ces envois sont, aussi, les vecteurs de regards portés sur le monde. Et c’est bien cette dualité justement qui, majoritairement, en détermine la nature profonde. Dualité qui repose, d’une part, sur l’intime d’une relation – l’échange personnel entre artistes – et, d’autre part, sur la portée sociale ou contestataire, oserait-on dire la force de frappe, d’œuvres originales pourvoyant au besoin universel de communiquer et, par là-même, d’exister dans sa relation à l’autre, de se manifester à lui, sans tabous, sans entraves, sans censure et ainsi, d’être foncièrement au monde. Déroutante ambivalence.

Ainsi, Allemagne, Argentine, Australie, Autriche, Belgique, Biélorussie, Brésil,
Canada, Chine, Corée du Sud, Croatie, Danemark, Espagne, Euskadi, France, Finlande, Grèce, Hongrie, Italie, Japon, Lettonie, Lituanie, Macédoine, Malaisie, Mexique, Norvège, Pays-Bas, Pologne, Portugal, Roumanie, Royaume-Uni, Russie, Serbie, Suède, Suisse, Tchéquie, Turquie, Uruguay, Usa... sont autant de points de départ, de provenances qui, une fois épinglés sur un planisphère – à la manière de ceux chers à Tillier – et reliés à leur destination, tracent les cheminements d’une vaste chaîne d’artistes, d’un impressionnant rhizome de préoccupations, éclectique et aléatoire.
Œuvre collective, collaborative, elle aboutit à Couillet, commune wallonne, depuis Vis, petite île de l’Adriatique devenue pour un temps, le cœur battant d’un réseau planétaire qui, depuis les années 1960, ne cesse de croître et – sous la forme d’un chant choral, d’une poésie polyphonique, portés par des milliers de voix éteintes, présentes et à venir – de s’interroger sur le monde et de résister.
À la marge et sans retour.

Mail-Art dans les limbes (Mail-Art in the limbo)
Closed on May 15, the calling Mail-Art dans les limbes (Mail-Art in the limbo) launched by Thierry Tillier in November 2024, shows the public, in the Galerie Jacques Cerami in a non-profit logic, the result of an international collect with a great density. Based on the intrinsic principle of the free technique and size. No jury. No return. No theme. This calling allows all possibilities, letting the freedom to everyone, visitors included, to imagine their own meaning.
On the margins, so, with no return.
Officially born in the late 50s/early 60s, in the framework of Ray Johnson’s New York Correspondence School (1927-1995), in the wake of the phenomenon Fluxus and its many artistic questioning as well as the Nouveau Réalisme Français (French new realism), the mail art -with its precepts notably rooted in the European Avant-Garde from the early 20th century- specifically uses postal mail with its components and services not only as a creation support but also as a means of diffusion. At the time, it was alternative and activist, initially positioned “next to” the works of art traditional monstration and sales canals, this trend (this “river” as Ray Johnson named it) is a parallel space-time with a total freedom. Transgressive, critical, sometimes on the border of legality, it gives way to all approaches and postures.
Today, even if it has entered the institutions for a long time with various collections, it is being listed in huge inventories and archiving, exhibitions and reasoned catalogues, mail-art continues to blossom, along hazardous meetings, spontaneous exchanges between artists or callings on dedicated platforms. Thanks to this, fortunately, this mail-art seems to keep on preserving, “outside” the official networks, its spontaneously libertarian and dissenting nature, its range of application, escaping by this way to any try to confine it. So, the present exhibition will be seen as the occasion, still rare, to discover the “marginal” universe of mail-art, and all this without any commercial goal, which is quite exceptional -let’s underline it- among an art gallery.
Thierry Tillier (Charleroi 1957), who has made his mark from Belgium in this international trend since the early 70s, is still today one of its figureheads.
Freedom-loving collage artist and cartographer, deeply committed, fond of esotericism, occultism, he grabs the images that surrender us, submerge us, and that are destined to a programmed loss of meaning. His collages -numerous enigmatic proposals, mixing visual poetry (in its true meaning) and social critic in a purposedly erotic aesthetics- are as well interfaces between him and the world, resistance actions and kaleidoscopic reflects of our society. Connected, anchored to the world, if Thierry Tillier is the heir -status he doesn’t claim- of a one-century-old collage tradition, he is above all an artist concerned about the fact of being useful today.
As a result, he chooses, sorts out, cuts, rips, covers, uncovers and unfolds his paper universe to the face of a complex world that inspires him. The images with which he plays split up, multiply, and the levels of reading overlap again and again, taking with them the spectator at first seduced, then fascinated, troubled, to a journey of more meanings and questioning. So, anchored in a society in which he sees the traps, Tillier, with his collages, opens for us not only the doors to his “inside hell” but also the way to an always salutary questioning.
In this context, the collective dynamic of networking, of communication, of exchange and of sharing, feature of mail-art and its linked self-expression, escaping any control or judgement, seems to feed him. As a result, would this calling Mail Art dans les limbes (mail-art in the limbo) be another way for him to take the pulse of the world, and also to act and claim it?
As for the reference to the limbo, once again, it is obscure, as Thierry likes it, with a direct link to a proper universe that we won’t dare spoil (even if we would want it) as he himself qualifies it as hidden. So, those who will discover it will be those who can or want it. It is not an enigma to resolve, but different levels of reading that are to take into account, would that be in its incomprehension.
As for the result of the calling launched from Vis, a small city in Croatia where the artist from Chaleroi now lives, if once again it confirms the idea that mail-art is only synonymous with polymorph and free approach, it confirms its egalitarian, deeply democratic and non-elitist character.
In addition, in an increasingly virtual world, there are plenty of callings for artistic participation through email and digital art -and with the digital divide, this postal art in its analogical version, in his historical setting up, is paradoxically densified/amplified from the fact of its diversified and obsolete materiality, “delicious celebration of ink, paper and stamps”, whether it is made by a master of the discipline (you’ll find more than one in this exhibition) or not.
And what does this materiality say, this materiality post-paid, stamped, consolidated by its travel from a place to another, by its handling by a postman, by its impatient reception and finally by its delicate seal breaking?
What do those works of art say from their space-time journey? What do they say, those hybrid incarnations, those concentration of meaning on some square centimetres, about their creators, their recipients, about their spirit and the philosophy that moves them – generous and collaborative artists – about the network on which they exist and that makes them legitimate, about us who observe them, about art itself, about the world, about its excesses and, do we have to say it, about the state of resistance implicitly made aware and critical of mail art toward them ?
Unless you are a deep connoisseur of the approach of one or the other of those more than 200 (!) participants, these consignments, these ‘circulating” works of art will stay, for most of them, an enigma ; that’s the rule of an articulation reputedly secret between correspondents. And that’s fortunate, since these envelopes, stamps, postcards, photographs, drawings, paintings, collages, items and texts are in fact messages sent to Thierry that the latter will personally archive. He generously lets us perceive them in their multiple singular details in a relationship which actually is literally and inevitably physical, almost corporal. As far as Thierry’s answers are concerned, they will stay, for the moment, by definition, unknown.
But these shipments are also the vectors of looks on the world. And this is exactly that duality that, mainly, determines the deep nature of it. This duality rests, on one hand, on the intimacy of a relationship -the personal exchange between artists- and, on the other hand, on the social or dissenting scope, dare we say strike force, of original works satisfying the universal need to communicate and so, to exist in the relationship with the other, to emerge to him, without taboo, without hindrance, without censorship, enabling it to be born. Confusing ambivalence.
So, Germany, Argentina, Australia, Austria, Belgium, Belarus, Brasil,
Canada, China, South Korea, Croatia, Denmark, Spain, Euskadi, France, Finland, Greece, Hungary, Italy, Japan, Latvia, Lithuania, Macedonia, Malaysia, Mexico, Norway, the Netherlands, Poland, Portugal, Romania, United Kingdom, Russia, Serbia, Sweden, Switzerland, Czech Republic , Turkiye, Uruguay, Usa... are the departure, the origins that, once pinned on a world map -as Tillier does it- and linked to their destination, trace the pathway of a vast chain of artists, of an impressive rhizome of eclectic and random concerns.

Collective, collaborative work, it comes to Couillet, Walloon town, from Vis, small island on the Adriatic sea that has become, for a moment, the beating heart of a worldwide network which, since the 1960s, has been growing and – in the form of a choral chant, of a polyphonic poetry, performed by thousands of extinct voices, present and still to come- questioning the world and resisting.
On the margins with no return.

Coraly Aliboni
Historienne de l’art
Mai 2025

Mail art dans les Limbes
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