KURTZ

Michael Matthys
07/10/2025 > 29/11/2025

Michael Matthys


VERNISSAGE LE VENDREDI 3 OCT 2025 DE 19H A 22H

Dans le roman de Conrad, l’histoire est racontée par Marlow, un navigateur européen, avec un point de vue imprégné de préjugés de son époque.
Matthys, lui, ne se contente pas de suivre ce narrateur : il brouille les voix, les visages et même les corps. Les Africains ne sont plus seulement des silhouettes lointaines ; ils prennent parfois une présence centrale, silencieuse mais intense, ce qui inverse partiellement la perspective coloniale.

Il insère dans ses planches de véritables photos issues de l’époque coloniale belge : villages, portraits forcés, scènes de travail.
Ces images ne sont pas « illustratives » ; elles agissent comme des preuves visuelles, comme si l’œuvre voulait dire : ceci n’est pas une fiction.
Cela crée un choc entre la matière dessinée (subjective) et la photo (objective), rendant la critique plus directe.

Le choix du fusain, de la terre, du sang de bœuf, crée une texture physique qui évoque la chair, la boue et la poussière.
On ne lit pas seulement une histoire : on sent presque la sueur, la fange, la pourriture — ce qui donne corps à la brutalité coloniale.
Le sang réel utilisé est aussi une manière symbolique de dire : ces crimes ont coûté du sang véritable.

Matthys ne cherche pas une reconstitution historique « fidèle ». Son dessin brouille les époques, parfois volontairement anachronique, pour montrer que les logiques de domination ne sont pas « réglées ».
On a l’impression que les ténèbres de Conrad résonnent encore dans nos systèmes économiques et politiques actuels.

In Conrad's novel, the story is told by Marlow, a European navigator, with a perspective steeped in the prejudices of his time.
Matthys, however, does not simply follow this narrator: he blurs voices, faces and even bodies. Africans are no longer just distant silhouettes; they sometimes take on a central presence, silent but intense, which partially reverses the colonial perspective.

He inserts real photos from the Belgian colonial era into his illustrations: villages, forced portraits, scenes of work.
These images are not “illustrative”; they act as visual evidence, as if the work were saying: this is not fiction.
This creates a clash between the (subjective) drawings and the (objective) photographs, making the criticism more direct.

The choice of charcoal, earth and ox blood creates a physical texture that evokes flesh, mud and dust.
We don't just read a story: we can almost smell the sweat, the mire, the rot — which gives substance to colonial brutality.
The use of real blood is also a symbolic way of saying: these crimes cost real blood.

Matthys is not seeking a ‘faithful’ historical reconstruction. His drawing blurs the lines between eras, sometimes deliberately anachronistic, to show that the logic of domination has not been ‘resolved’.
We get the impression that Conrad's darkness still resonates in our economic and political systems.