Actualité

Michel Couturier

2 novembre 2020

Occupant les deux espaces de la galerie, Michel Couturier y déploie sans redondances ni répétitions un solide et percutant travail autour de ce qui nous environne, nous contraint, qu’il s’agisse des murs de béton ou des signaux routiers, nouvelle forme d’arborescence dans l’espace. L’artiste vit à Bruxelles et son travail serait, en exagérant quelque peu, un ouvrage conceptuel ouvertement perceptible sans explications, puisqu’il s’intéresse de près à ce qui trame notre quotidien hors notre zone de confort. De plus petites pièces, photos, fusains et peintures, cernent d’emblée le site opératoire des inspirations de Couturier. C’est à voir et réfléchir en l’espace traditionnel d’un Cerami qui, pour expérimenter l’amplitude du propos de l’artiste, l’a aussi installé, en plus directement monumental, dans le local industriel attenant à la galerie et à la trattoria “Sotto il ponte”, haut lieu de gastronomie italienne porté par toute une famille enthousiaste. Toutes techniques Toutes techniques au rendez-vous de ses mises en exergue, Michel Couturier s’exprime par la peinture aussi bien que par la photographie, par le dessin et par une projection (certaines vidéos) qui induisent du visiteur qu’il considère de plus près, plus personnellement en somme, ce qui se trame à ses dépens dans l’espace public. Les techniques précitées visent en fait plus large encore, puisqu’elles s’affirment en relation parallèle avec la sculpture et l’architecture de l’espace qui nous est commun dès lors que nous sortons dans la rue. Michel Couturier agit en sorte de rapporteur d’espaces communs qui ne sont pas sans nous impliquer par rapport à des espaces tout aussi publics que nous avons pu connaître et qui ne sont plus. Il y a chez lui un travail d’archéologue de la pensée sousjacent aux explorations spatiales très actuelles. Béton en ruine… “Du béton armé réduit en ruine. Quelques débris se dressent encore au milieu des gravats. On peut y percevoir des formes vivantes, végétales, animales voire humaines ou des spectres qui viennent hanter l’ici et le maintenant”, écrit-il. Et de poursuivre : “Des cités dévastées puis reconstruites…” Et il cite Messine et ses mythologies réduites… à peu de choses. Mais pas pour autant enfouies dans le temps, quand la mémoire veille. De puissants fusains rythment l’espace. D’apparence informelle, ils relayent ces fers à béton d’espaces architecturaux laissés à l’abandon. Le noir profond du médium tranche dans le vif, crée des émotions. Il y a aussi des peintures, qu’on jugerait abstraites et sont au contraire des morceaux d’épaves brossées à l’or ou à l’argent… Et, dressées en diagonale du lieu industriel, d’immenses photographies sur bâches nous rappellent que le béton, le fer, nous cernent de partout. Du carrefour voisin au port de mer ! Roger Pierre Turine U Parution : “Through the booking Glass, par Michel Couturier (en français). Édition Michel Couturier, ARP2 et MER Paper Kunsthalle (Gand) avec le soutien de la Fédération Wallonie-Bruxelles. Roger Pierre Turine. Exposition du 10 oct au 14 nov 2020

LA Libre Belgique arts numero 42